Matière vivante

“Mark Daovannary interroge la substance du vivant à travers ses définitions et ses propriétés. Il explore l’origine, l’énergie et la conscience des matériaux façonnés par la nature ou par l’homme.

Ainsi, une montagne endormie et un objet inerte ont une histoire à raconter. Entre alchimie, science et anthropologie, Mark Daovannary leur donne corps, vie, mouvement, les transforme et les personnifie. Il fait appel à l'animisme propre à l'enfance.

Il emploie des formes simples et des symboles universels, un cube, une montre, un tronc d'arbre, pour créer des sculptures et des installations épurées et oniriques. Ce langage commun se concentre sur l'essentiel et permet à chacun de projeter son imaginaire.

Car il est surtout question de point de vue. Mark Daovannary nous confronte à nos repères, innés et acquis. Porté par des influences asiatiques, il accompagne ses œuvres de haïkus. Ces courts poèmes énigmatiques orientent, désorientent, sans jamais rien imposer. Et si la substance du vivant résidait dans la subjectivité ?”


Ariane Picoche - journaliste

 

L’héritage de l’exil

“Issu d’une famille multiculturelle, éduqué dans diverses formes de société et de religion, entre Occident et Asie, Mark Daovannary se sert de son expérience pour interroger la façon dont l’individu se positionne, historiquement ou sociologiquement, par rapport aux autres : communautés, ancêtres, étrangers, amis…

Par le biais de métaphores littéraires et formelles, de la pratique du haïku, de la sculpture et des mises en scène du corps, en tant que terrain d’investigation spatiale et temporelle, l’artiste tente de redéfinir ses origines, son histoire et son identité. Ce processus l’amène tantôt à matérialiser le poids de l’imaginaire – comme dans cette oeuvre où un bracelet de voeux bouddhiste (Le Poids d’un voeu) pèse si lourd dans la prise en compte de son individualité qu’il s’enfonce dans un coussin de plumes –, tantôt à montrer l’impasse culturelle dans laquelle semble se perdre une génération de jeunes gens, issus de parents étrangers, aux contours identitaires flous – comme par la mise en scène de ces deux cadrans de montre, dont les trotteuses, reliées entre elles par un fil, empêchent le temps de s’écouler (Deux Ans de solitude).

Figures symboliques, poétiques, métaphoriques, les oeuvres de Mark Daovannary tendent vers l’intimité et font du corps un espace de recherche, une allégorie du temps qui souvent, s’arrête pour se figer sur une individualité qui tente – avec cette balance chargée du poids de l’artiste en albums de photos de famille (Retrouver) ou avec cette branche de l’arbre généalogique détachée de son tronc – de Créer racine. Donner forme au sensible, donner consistance au visible, figer dans la terre la Pluie de printemps pour enraciner une identité instable à inventer…”

Anne-Sarah Bénichou – galeriste

 
 
 

© Mark Daovannary 2022